Fidèle à sa conception de « l’art de la parabole » et à sa conception de l’artiste, porteur d’une conscience sociale, le compositeur Benjamin Britten invite le public de ses opéras à la relecture des grands événements de son passé et à la confrontation avec le présent dans sa volonté de le faire réfléchir aux problèmes dont souffre son demi-siècle et l’humanité en général. Aussi, les opéras qui sont l’objet d’une commande ou d’un soutien officiel, Peter Grimes (1945), The Rape of Lucretia (1946), Billy Budd (1951), Gloriana (1953) et Owen Wingrave (1971) rappellent aux Britanniques des épisodes de leur histoire tout en les encourageant à relire leur présent et fustigent une société aux hiérarchies suffocantes et aux inégalités sociales insupportables, soumise aux angoisses de la Guerre Froide et de la menace nucléaire, tout en s’attaquant à l’éternel problème du Mal, dont la Shoa reste un exemple manifeste.
Gilles Couderc est Maître de conférences à l’université de Caen Normandie. Sa thèse de doctorat porte sur les livrets et la musique des opéras de Benjamin Britten, Des héros au singulier, les héros des opéras de Benjamin Britten (Sorbonne, 1999). Il a publié plusieurs articles sur les opéras et les œuvres de Britten et Ralph Vaughan Williams et organisé de nombreuses conférences à l’université de Caen sur les livrets d’opéra inspirés par le monde anglophone et en a édité les actes dans la revue électronique LISA. Il a co-édité avec J-P. Héberlé un numéro spécial de La Revue Française de Civilisation Britannique sur la musique et la construction de l’identité nationale anglaise: Musique, nation et identité : la renaissance de la musique