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La mémoire vive de la tradition, moteur des arts et des littératures en PNG

14/09/2017 @ 17:00 - 19:00

 

oceania-event-espaces-et-societescon-zimmer-mncPort Moresby est une cité champignon passée de 30 000 habitants en 1970 à 350 000 en 2017. Les villages de ce pays comptant 8 millions de personnes sont désertés au profit des quartiers périphériques de la grande ville et de son habitat précaire où viennent s’agglutiner quotidiennement de nouveaux conquérants. Les représentants des 800 ethnies aux 800 langues se retrouvent dans la cité. Pour communiquer, ils oublieront leur langue de village et parleront le tok pisin. Pour travailler, pour s’amuser, pour rêver, il leur faudra changer leur façon de voir le monde. Ici, il n’y a plus de terre à retourner ou de caféiers à planter, mais des usines à faire tourner et des mines à creuser ; plus de contes à rapporter, mais le journal et la télé ; plus de chasse ou de pêche pour manger, mais des supermarchés. Depuis les années 1970, le phénomène s’emballe, et tous font le grand saut de 10 000 ans en une seule vie (Albert Maori Kiki, 1968). Ici et là, des peintres prennent la ville à témoin, des poètes proclament leurs vérités, des dramaturges saisissent l’actualité, des romanciers exposent la société. Tous semblent écartelés, entre la tradition dont ils se sont nourris et la modernité qui les a séduits. Dans les peintures et les poèmes, dans les dessins et les romans, dans les affiches et les publicités, le vieux monde reste accroché au palimpseste des temps. Il est la mémoire latente, sous-jacente, active, du vieux peuple qui veut continuer à vivre dans le nouveau, tant il est vrai que les vieux ne meurent pas vraiment chez les Papous puisque leur esprit flotte dans la tribu pour l’éternité. Ces vieux-là sont vraiment là, à l’écoute, et on leur parle, on leur demande conseil, on les consulte pour les grandes décisions. Ils sont la mémoire vive des morts qui répondent. Ainsi, l’histoire moderne de la PNG ne peut se concevoir qu’en accord avec la mémoire des anciens, sans quoi on ne sait rien et on n’est rien. Les Papous écrivent leur histoire moderne à partir du terreau inépuisable de la tradition dont la modernité, la technologie et l’informatique ne sont que des avatars périphériques. Ma communication montrera que la mémoire de la tradition telle qu’elle se présente dans la littérature et les arts dans ce grand pays de culture est hautement fonctionnelle et favorise les émergences et les éclosions dans les tribus comme c’est le cas depuis la nuit des temps, quand bien même celles-ci se sont dispersées dans la grande ville.

 

20170519_132731René zimmer est Maître de conférences à l’université de la Nouvelle Calédonie. Membre de TROCA (TRajectoires d’OCéAnie), son domaine de recherche englobe la littérature américaine, l’art mélanésien et la traduction. Il a publié entre autres Réussir l’épreuve de traduction écrite au Capes, avec S. Jacquelin (2000), « The Animal as Magic Medium in Melanesian stories » in De la Nouvelle-Calédonie au Pacifique (L’Harmattan, 2009), « L’oiseau de paradis : auto portrait du peintre papou » in Mondes océaniens (L’Harmattan, 2010), « Le Casoar des contes et peintures papous » in Objet d’art et art de l’objet en Mélanésie (L’Harmattan, 2011).

 

gric

 

Details

Date:
14/09/2017
Time:
17:00 - 19:00
Event Categories:
,

Venue

Université du Havre
rue Philippe Lebon
Le Havre, 76600 France
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