« Couleur » et « lumière » : deux concepts indispensables pour réfléchir sur la notion d’illumination dans les arts visuels. La lumière est un moyen de révéler mais aussi d’éblouir en émerveillant et, en même temps, de priver le récepteur de son jugement.
L’artiste, tel Rothko, voit une immersion dans la couleur comme une expérience sensuelle extrême et alimente une réflexion sur la focalisation ou l’absence de point de vue. De nombreux peintres ont écrit avec la couleur et la lumière. Monet a peint les effets visibles de la lumière sur le motif dans ses séries, le mouvement, la vérité éphémère et ineffable, bien qu’éternelle, de ses motifs. Chagall a fait chanter et vibrer les couleurs en développant son talent, son langage personnel nourri d’autant de fulgurances, de rencontres picturales et du savoir-faire des maîtres-verriers. David Hockney, aujourd’hui sur sa tablette, dans une démarche pop contemporaine qui multiplie toujours l’image grâce à la technique, dessine et fouille le paysage autour de sa maison, avec toujours plus d’acuité, au fil du temps et des saisons, dans la lumière : à la fois son support et les effets à créer. Leonid Tishkov parcourt le monde, promenant son croissant de lune phosphorescent dans des lieux improbables pour les rendre magiques. Après Monet qui voulait capter les effets de la lumière sur les choses, Rothko, illuminé ou foudroyé à la vue des Nymphéas, repense la lumière et la couleur en hommage à cette révélation, à ce déclencheur de la dernière et essentielle phase de sa carrière de peintre, avant le noir total dans sa vie.
Dominique smith est PRAG d’anglais à l’Université Le Havre Normandie. Directrice du département d’anglais et Vice-Doyen de la Faculté des Affaires Internationales, son domaine de recherche englobe les arts et la littérature d’Australie et de Nouvelle-Zélande.