Il y a 60 ans, devant près de 250000 personnes, massées sous un soleil de plomb en face du monument imposant d’Abraham Lincoln, M.L. King a prononcé son célèbre discours « I Have a Dream ».
Ce dernier, en partie improvisé, appelle à une Amérique fraternelle et solidaire où Blancs et Noirs se retrouveraient unis, libres et égaux.
« I have a dream » a eu une portée symbolique plus que n’importe quel autre discours de M.L. King. On oubliera facilement ceux prononcés en faveur des pauvres, ceux qui portaient sur la répression policière ou encore son engagement contre la guerre du Vietnam, mais pas son discours du 28 août 1963 à Washington.
Mon propos portera sur le contexte politique et social dans lequel King, parmi 9 autres orateurs, s’était distingué par la force de ses mots, la charge émotionnelle de sa prestation et l’authenticité de son « rêve ». Dans ce discours, court mais dense, King a trouvé les mots justes pour expliquer la souffrance des Noirs, dessiner les contours des relations interraciales et esquisser la « vie rêvée » des Américains.

Malgré les progrès accomplis depuis cette fameuse plaidoirie, le rêve de King demeure un « rêve ». Le mouvement Black Lives Matter n’est que la preuve politique que la justice économique, sociale et raciale demeure chimérique. Ce qui donne à l’expression « I have a dream » une importance incontestée de nos jours.

 
Maître de conférences en Civilisation Américaine à l’Université de Caen Normandie, Taoufik DJEBALI est directeur du Département des études anglophones. Il a consacré sa thèse (soutenue en 1994 à l’université Paris Sorbonne) à la pauvreté et la question raciale aux USA. Ses recherches portent sur l’intégration des minorités ethniques et sociales. Membre des centres de recherche ERIBIA-LSA (université de Caen) et CERVEPAS (Sorbonne Nouvelle Paris 3), il a publié de nombreux articles sur la société et l’économie américaines. Il fut membre du Think tank du candidat Al Gore.