Dans l’Europe de la première modernité, la femme est souvent vue comme faible, passive et docile, situation minorée que les femmes pirates et plus largement les aventurières semblent venir radicalement remettre en question. Femmes soldats, guerrières, amazones, souvent mais pas toujours travesties en hommes, leur présence dans le domaine maritime est encore plus rare et exceptionnelle que sur la terre ferme, et lorsque cette présence devient évidente, elle frappe nécessairement les esprits, par exemple au moment des procès de pirates. Anne Bonny, Mary Read et Rachel Wall rejoignent ainsi, dans l’histoire, puis dans la légende et enfin dans le mythe, Grace O’Malley, Jeanne de Belleville ou encore Mme Ching…
Sophie JORRAND est Maître de conférences à l’université de la Réunion. Membre de l’IHRIM Clermont-CNRS UMR, son domaine de recherche, centré sur le long XVIIIe siècle, englobe le récit de voyage (récit viatique et exploratoire, récit de piraterie et d’aventure maritime, récit d’épreuve, interculturalité et hétérologie) et le masculin-féminin (études de genre, écrits normatifs à l’usage des femmes, culture matérielle). Elle a publié des articles sur Daniel Defoe, William Dampier et Lionel Wafer, et a récemment co-dirigé Maternité, paternité, parentalité dans l’océan Indien et ailleurs (Université de la Réunion/Epica, 2015) avec Sophie Geoffroy, et Témoigner: flibuste, piraterie et autres courses, de la Renaissance aux Lumières (Presses Universitaires Blaise Pascal, 2015) avec Danièle Berton-Charrière et Monique Vénuat.