La nuit est-elle un besoin de fuite, le besoin de se désolidariser du chaos quotidien, de l’immédiatement visible, un refuge, une quête de soi, ou un champ d’investigation ?
La nuit procure l’isolement, une forme de remède aux troubles mélancoliques de l’artiste romantique, un climat privilégié pour l’artiste en quête de repli. Le paysage nocturne romantique a atténué voire écarté la présence humaine, comme si la nuit proposait de dépasser le principe d’individuation. Cependant, le paradoxe de l’effacement de soi conduit à une réconciliation avec soi : le paysage nocturne apaise si l’on fait un avec la nature dans une attitude contemplative. Dans le paysage nocturne, l’être humain perd sa maîtrise de l’environnement, et son orgueil s’amoindrit.
La sérénité de certains paysages provient d’une forme de silence fait en soi, la nuit relie et permet de ne faire qu’un avec le tout. L’absence totale ou implicite de l’humain est favorable pour communiquer avec ce qui est plus grand que soi. Les paysages nocturnes à peine peuplés ou entièrement déserts, renvoient au désencombrement, au panoramique, à la démesure, à la solitude. Le paysage nocturne vaste et vide peut apaiser le désarroi, il peut être fascinant sans écraser celui qui regarde, mais il peut aussi effrayer et inscrire les œuvres dans le sublime.
Dominique Smith est PRAG d’anglais à l’Université Le Havre-Normandie. Directrice du département d’anglais et Vice-Doyen de la FAI, son domaine de recherche englobe les arts et la littérature d’Australie et de Nouvelle-Zélande.